Suzanne Horvath

Accueil L'histoire de la honte Les romancières hongroises
Une histoire d’honneurs et de hontes - p.29

D'horribles images apocalyptiques nous sont proposées :

« Pour diminuer ou guérir ce rétrécissement, une bougie ou sonde recourbée en métal est introduite dans l'urètre pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois. Aucun de ceux qui dont dû supporter cette opération, ne disent qu'ils préfèrent la blennorragie à un mal de dents ou à un mauvais rhume » (64 ).

L'enflure des ganglions de l'aine dégénère en bubons. Si une épidydimite s'y ajoute, cela peut donne l'infécondité absolue. Le malade peut transporter le virus de la blennorragie à ses yeux : ceci amène à la perte de vue. C'est ce qui est arrivé à quelqu'un qui s'est essuyé dans sa salle de bains avec une serviette qu'avait utilisé son fils qui avait péché : le père perdit la vue. Mais les chancres mous sont pires que la blennorragie : ce sont les premiers symptômes de la syphilis.

« On pourra ainsi constater la punition qui attend le coupable : pustules, croûtes, plaies syphilitiques, sur le nez, la bouche, la langue, la gorge, les ongles, les bras, les cuisses, les parties sexuelles ; inflammation des yeux, la périoste attaqué ; nodosités. Quand elles se produisent à l'intérieur du crâne, elles peuvent amener la mort . »(65)

Toujours selon Stall, les asiles d'aliénés sont pleins de malades amenés là par la masturbation et la syphilis. Si de telles maladies existaient parmi les animaux, « chaque troupeau serait inspecté, chaque animal infecté serait tué et son corps brûlé ou enterré assez profondément pour qu'aucun animal ne puisse le manger. »

Pourtant, l'auteur pense que l'espèce humaine est différente des animaux, parce que les organes reproducteurs du mâle ne sont tout à fait à l'extérieur du corps et entièrement exposés que chez l'homme, alors que chez les animaux ils sont dans une gaine. Ceci montre que la masturbation chez l'homme ne résulte pas d'une nécessité physique, parce que les animaux inférieurs ne la pratiquent pas. Et Stall de déclarer :

« Le fait que Dieu a placé les organes reproducteurs de l'Homme à l'extérieur de son corps est une indication de la dignité qu'il lui a conférée. »(66)

D. Desmons, dans Hygiène du célibat, (67), aborde également les thèmes de la pureté et de la propreté masculines. Après avoir dressé le même tableau redoutable des conséquences de la masturbation- amaigrissement, surmenage nerveux, yeux excavés, joues pâles, gencives décolorées – il se tourne vers les problèmes de l'âge adulte et met en garde ses lecteurs contre le danger de la femme : « Quant à ceux qui abandonnent leur pratique honteuse, ils cherchent un nouveau plaisir : ils veulent posséder une femme. Hélas, les prostituées les guettent (…). »

Desmons répond par « oui » à la question : « Doit-on autoriser les rapports sexuels ? » Mais il faut faire très attention : on peut rencontrer « une malade, une contagieuse, une femme tarée » qui pour des raisons pratiques essaiera de retenir l'homme dans ses filets. La suite de son livre est entièrement axée sur l'idée suivante : comment faire en sorte que les rapports sexuels inévitables soient les plus courts, les moins salissants, les plus utilitaires, en sélectionnant des femmes propres.


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