Suzanne Horvath

Accueil L'histoire de la honte Les romancières hongroises
Une histoire d’honneurs et de hontes - p.24

Comment se comporter vis-à-vis des femmes ? A la France catholique de 1900, l'abbé de Gibergues tient le discours suivant dans un livre (50) dans lequel il résume l'essentiel de ce qu'il a prêché, à St. Philippe de Roule et à St. Augustin, pendant le carême de l'an 1903 :

Eve et Marie, la femme corruptrice et la femme libératrice, sont les deux pôles de l'humanité ; presque tous les hommes se sauvent ou se perdent par une femme. La femme ne sera pas pour l'homme une inférieure, une servante, mais une égale :

« Manifestement, il s'agit d'un être de même nature, de même origine (…) C'est dire de quel honneur, de quelle déférence et de quel respect l'homme devra entourer la femme, avec quel soin il devra éviter envers elle tout ce qui sentirait le dédain, le mépris, la hauteur, l'orgueil.»

Cette égalité de nature et de destinée n'exclura pas la dépendance et la subordination. La femme devra être soumise à l'homme : St. Paul le dit clairement : « Vir caput est mulieris » (Ephes., V, 23). Nous avons besoin d'unité : or, celle-ci ne peut s'obtenir que par le commandement de l'homme et la soumission de la femme : ils devront s'unir dans une égalité subordonnée. L'homme est la tête, la femme est le cœur : à l'homme, l'intelligence, le raisonnement, la réflexion, la sagesse, la majesté, la force, l'énergie, la fermeté, l'autorité, le commandement. A la femme la délicatesse, la sensibilité, la grâce, la douceur, la bonté, la tendresse, le dévouement, la chaleur communicative... Le femme est pour l'homme un secours. « L'homme doit donc user d'elle, s'en servir pour son intérêt, sa volonté, son coeur, son corps, son âme, sa vie. » (51)

Ce droit d'usage, digne de celui d'une sangsue dans la description de l'Abbé Gibergues, a un revers : l'homme doit honorer et respecter la femme, bien qu'elle soit aussi une charge pour l'homme ! La première preuve en est que les splendeurs du Paradis terrestre, au moment de la création, ont abouti à « un horrible drame ». L'homme, qui aurait dû être guide de la femme, s'est laissé conduire par elle. C'est ce en quoi consiste le pêché  originel : il a pêché par la femme, ce fut elle qui jouait le rôle du démon et le même dialogue pervers se renouvelle sans cesse entre Eve et l'homme. Et voici les péchés d'Eve énumérés : doute, incrédulité, négation des châtiments de Dieu, désobéissance, révolte, curiosité, sensualité, hypocrisie, mensonge. Adam, au lieu de rester le maître, est devenu l'esclave. Mais il a été puni: humilié, froissé dans son orgueil, il a cherché des excuses et a rejeté la faute sur sa compagne et Dieu. De nos jours encore, les jeunes gens et les hommes rencontrent constamment la femme séductrice. Et l'Abbé de devenir lyrique :


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