« Ô dégradation ! Ô malheur au-dessus de tous les malheurs ! Ô abîme sans fond de honte et de misère ! Voilà où en vient l'homme quand il se met sous la puissance de la femme ! » (52)
Dans le discours plein de contradictions qui suit, l'auteur tente de dégager les dangers qui menacent l'homme pour avoir trop soumis la femme au cours de l'histoire, qu'il survole d'une plume légère : chez les juifs de l'Antiquité, ainsi qu'en Grèce et à Rome, « la femme est opprimé par la loi et par les mœurs, elle est une chose plus qu'une personne, et on ose à peine le dire, un instrument de plaisir et de production (…) Par la réclusion chez les Turcs, la cession temporaire, la vente, le droit de répudiation, de vie, de mort, par la polygamie et le divorce (…) l'homme dispose de la femme comme d'un bien à lui, comme il ferait de son bétail » (53) et ce même dans la religion chrétienne ; à chaque fois que le respect a diminué, on a méprisé ou attaqué la femme ( sous la Renaissance – Pétrarque et Boccace, puis Brantôme, Rabelais, Montaigne, méprisaient la femme, ainsi que la Réforme, et au XVIIIème siècle Diderot, Rousseau, Voltaire et Montesquieu ). L'Abbé continue son réquisitoire en citant la Révolution française qui a proclamé les droits de l'homme, mais a oublié les droits de la femme, tout comme Napoléon. Mais l'homme a reçu sa punition. La Grèce antique a sombré dans la pourriture,( sic), Samson perdit ses forces, David fut puni dans son fils à cause de la femme d'Uriah... Il semble donc que
« l'antique devise du châtiment de la femme se soit retournée contre l'homme lui-même et que ce ne soit plus la femme qui soit sous la puissance de l'homme, mais l'homme qui soit tombé à son tour sous la domination de la femme et par elle sous la domination de Satan ! (…) Dégagez-vous promptement de cette honteuse servitude, brisez les chaînes de votre esclavage ! » (54)
En somme, notre abbé dit: pour avoir trop soumis la femme, la punition de l'homme est d'affronter le danger qui émane d'elle. Bizarre logique, dont découle un seul postulat : il faut ménager la femme parce qu'elle est à craindre.
La suite du discours nous apprend comment l'homme d'aujourd'hui doit se comporter vis-à-vis de la femme. Il faut respecter la mère, car il est vrai que notre père nous a également donné la vie, mais son rôle a été facile, tandis que c'est dans la souffrance que notre mère nous a mis au monde. Nos mères se sacrifient pour nous. Ce sont elles qui nous apprennent à prier. Et l'Abbé de s'écrier douloureusement : « C'est le cachet imprimé sur la cire qui ne s'effacera plus. La puissance de la mère sur l'âme de l'homme est incommensurable ! »(55) Une mère est capable de tout : « Ce dont elle est capable, nul ne peut le dire ! » Quant à l'épouse, « il ne faut surtout pas la mépriser ! Il faut causer avec elle, s'occuper d'elle, former son cœur, son âme, qui sont confiés à l'homme. Il faut également défendre la femme contre les dangers extérieurs qui viennent des mondanités. Il existe des hommes qui consacrent leur vie à faire tomber les femmes honnêtes.( Serait-ce le démon-séductrice-femme métamorphosé en homme?) Ces hommes sont des dangereux hypocrites, des Don Juan de profession, des bourreaux d'âmes... Il peut toutefois arriver qu'un homme succombe une fois à la tentation en commettant l'adultère ; il ne faut surtout pas le dire à sa femme, ce serait maladroit et il est inutile de faire porter le poids de la faute par l'épouse. Quant aux pécheresses repentantes, il ne faut pas les mépriser non plus.
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