Enfin, l'abbé se pose la question, pourquoi la femme ne pourrait-elle participer à la politique, tout en évoquant Sainte Catherine et Jeanne d'Arc, et tout en nous rassurant en même temps : »Non Messieurs, il ne s'agit pas de parler de droits politiques (…) car l'égalité de la femme est une égalité subordonnée ».(56)) Le Code Civil, il est vrai, a trop restreint les droits de la femme et a fait du mari un petit empereur dans sa famille et de la femme un être incapable de discerner ; mais l'égalité socialiste, l'égalité de plain-pied est une irréalisable utopie, car si par impossible elle se réalisait un instant, elle tournerait aussitôt à l'oppression de la femme puisque l'homme est plus fort qu'elle... Mais en quoi consiste alors le droit politique ? La femme doit conseiller son mari et participer aux œuvres sociales et religieuses.
L' Abbé de Guiberges fait tinter de nouveau son leitmotiv : « Vir caput est mulieris » en terminant sa démonstration d'une logique sinueuse. Celle-ci contient la plupart des grands thèmes du discours sur la femme. Dan le miroir de ce discours, la femme apparaît comme un être qu'il faut tenir à distance par le mépris. Naturellement, ce n'est qu'un aspect de la femme qui sera objet du mépris honteux : celui de sa sexualité. Globalement, la femme toute entière représentera la honte de la sexualité qui, ainsi exorcisée, projetée en dehors de l'homme, sur la femme, sera tenue à distance. L'autre aspect de la femme ainsi coupée en deux, la maternité, sera sacré et pur de toute sexualité.
Il faut se méfier de la femme et en particulier lorsqu'on l'approche dans la vie sexuelle : la sexualité est contagieuse. L'honneur masculin vis-à-vis de la femme, c'est-à-dire de la sexualité honteuse, consistera à ne pas s'impliquer sentimentalement, à exorciser, à tenir à distance, à commercialiser les rapports, à se retenir, à refouler.
Les nombreux traités d'hygiène sexuelle de l'époque se chargent d'instruire et de diriger ceux qui seraient en quête de directives.Les traités d'hygiène sexuelle de Sylvanus Stall connurent de nombreuses éditions après leur première parution. Celle citée ci-dessous, date de 1942 ! (57). D'emblée, l'auteur nous met en garde en évoquant les visages pâles, les yeux vitreux et les formes émaciées des jeunes garçons : « on reconnaîtra que la honte est à ceux qui, par ignorance ou fausse timidité, gardent le silence ».
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