LA HONTE DES FEMMES.
LA FEMME ET SON UTERUS .
Une des différences dans la considération de l'homme et de la femme dans les traités de morale, de savoir-vivre ou d'autres ouvrages moralisateurs de l'époque, consiste en ce que ces ouvrages parlent le plus souvent de la façon dont un homme devrait être, se comporter, agir, alors que le plus souvent on montre comment la femme est .Ces ouvrages sont écrits en majorité par des hommes et quand bien même leurs auteurs sont des femmes, la même vision prévaut : essentiellement descriptive, comme un traité de zoologie, elle étudie et épuise la physiologie de la femme, telle la définition du Dictionnaire Larousse citée au chapitre précédent. Dès lors, les conseils, les exhortations visent à améliorer la mécanique physiologique mal conçue et souvent défaillant de la femme.
Dans la préface de son ouvrage (75) le Dr. Séréno déclare :
« Je me suis efforcé de retrancher de cet ouvrage de vulgarisation tout mot technique et choquant . Je prendrai par la main la femme, cette pauvre blessée de l'humanité, et soulevant pour elle les voiles de la souffrance, je la lui montrerai simplement, sans fausse pudeur, mais avec la réserve que réclame l'exquise délicatesse de sa nature. » (76).
Ce qu'une femme doit savoir, en résumé, selon Séréno, c'est diriger tous ses soins intimes, éviter les opérations, connaître, prévenir, soigner les infirmités, les ennuis, les maladies de son sexe ; résoudre les problèmes de l'esthétique et de hygiène génitale qui se posent dans la vie chez la fillette, la jeune fille, la femme et la mère de famille.
Nous voici entrés dans l'univers féminin, dont la caractéristique dominante, à savoir la matrice, est étroitement liée par sympathie aux centres nerveux. Les preuves en sont les changements de caractère, l'excitation nerveuse, la migraine et les douleurs névralgiques à l'époque des règles, les envies, les dégoûts, les idées fixes, les impulsions au vol pendant la grossesse, la folie après l'accouchement, la neurasthénie et les perturbations fonctionnelles de tous les organes qui apparaissent chez la femme dans le cours des maladies de son sexe. Hélas, on se trompe souvent dans le diagnostic. Lorsqu'une maladie générale est chronique, on croit par exemple que les crachements et les vomissements de sang, l'apparition des glaires ou de mucosités, la tristesse, la perte de la mémoire proviennent de l'estomac, des poumons, des intestins...au lieu de penser à la matrice.
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