Suzanne Horvath

Accueil L'histoire de la honte Les romancières hongroises
Une histoire d’honneurs et de hontes - p.36

Les douleurs dans les maladies de femmes sont multiples : membres fantômes, douleurs dans le bas-ventre, dans les reins... De désagréables démangeaisons surviennent. Même dans l'omnibus, dans un salon, la malade ne peut résister au besoin angoissant de se gratter. Mais il peut y avoir également des douleurs dans les grandes lèvres, à l'anus et au rectum, dans l'aine, dans le bas de la colonne vertébrale, dans le ventre et dans les jambes ( suite à des salpingites!) dans la vessie ( à cause des pertes blanches contagieuses). Les trompes et les ovaires peuvent s'infecter, des complications peuvent survenir : les lésions sont progressives, envahissantes. Tous les organes peuvent être touchés : le cœur, le larynx, les yeux, la peau, l'estomac, les intestins. La face est pâle, les traits tirés, les yeux cernés ( comme chez les hommes qui souffrent de masturbation et de maladies vénériennes.)

Mais ce n'est pas tout : d'autres maladies menacent encore la femme : tumeurs fibreuses et fibromes, polypes de l'utérus, pertes rouges post-puerpérales, écoulements non sanguins dont pertes blanches contagieuses, blennorragie (« dont l'agent de transmission sera l'homme ») - c'est la seule phrase dans ce livre où il est question de l'homme - ; abaissement, chute, antéversion, rétroversion de la matrice ; déformation de l'utérus ; les maladies de l'âge critique : vapeurs, bouffées de chaleur, tumeurs malignes, cancer de la matrice, couperose, points jaunes des paupières, varices, acnés, obésités, tumeurs du visage...

Tandis que chez l'homme c'est la masturbation et le contact avec la femme qui amène la maladie, la femme est toute entière maladie dans cette description effrayante.(79)

La femme ainsi conçue, envahie et souillée par la maladie, se doit de se nettoyer constamment. Le Dr. Surbled (80). donne des conseils plus généraux d'hygiène :

« Il n'y a rien de plus nécessaire que le nettoyage des organes, surtout quand ces organes sont muqueux, pourvus de nombreuses glandes et profondément situés. Tel est le cas des organes sexuels de la femme. »

Une description détaillée de la manière dont on doit nettoyer, à l'eau, au moyen d'un bidet, ces organes, nous est prodiguée :

« Tous ces soins sont donnés rapidement, convenablement, en se rappelant que les organes intimes sont honteux et doivent toujours être traités avec précaution et respect. La jeune fille n'y porte pas inutilement la main, mais se maintient dans une méticuleuse et exquise propreté. Toujours modeste, elle surveille ses muqueuses et en prend soin .»(81).


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