Pourquoi parler des déformations vulvaires et anales ? Le Dr.Martineau répond à cette question par un argument convaincant : parce qu'elles sont extrêmement fréquentes. Il étudie ce sujet depuis quatre ans et compile tout ce qu'il a trouvé chez ses propres malades, dans la salle de l'hôpital, ainsi que chez les femmes galantes et les femmes mariées. Il ne s'intéresse qu'aux déformations qui proviennent d'habitudes vicieuses. Tout d'abord, il importe de donner des définitions. Voici celle du saphisme : « La friction du clitoris exercée par la langue et accompagnée de succion ». Quant au coït anal, c'est la sodomie chez la femme et la pédérastie chez l'homme. « Aussi, plus j'observe, plus je reste confondu de l'extension que prennent chaque jour les passions sensuelles ». Et ce, non seulement de la part des prostituées, mais dans tous les milieux. Par exemple le saphisme ( sur femme et sur homme) se pratique partout ! L'enfance elle-même n'est pas épargnée : « De petites filles de dix à quinze ans avec les yeux cernés, courant les brasseries de femmes sous prétexte de vendre des fleurs, sont bien connues pour leurs manœuvres saphiques (…). Le saphisme se pratique également avec des animaux : des femmes du monde promènent de magnifiques caniches et « pour vaincre les répugnances de ces instruments, parfois dociles, de leurs plaisirs, ces filles emploient certains procédés (…) qui consistent non pas à dorer, mais sucrer la pilule ». (86)
Nous passons à la description détaillée de la vulve ( chez la petite fille, elle est tournée juste en avant, tandis que chez la femme elle est « dirigée de haut en bas ou d'avant en arrière », puis à celle de la masturbation. La moitié au moins des malades du service de l'auteur se livrent ou se sont livrées à cette pratique. Pour la décrire, l'auteur entre dans les détails (avec le doigts, avec le pénis, avec la langue, des épingles à cheveux ou simplement par le frottement des cuisses, assise ou debout).
Cette variété se rencontre surtout chez les femmes soumises, pendant une grande partie de la journée, à un travail assidu (modistes, lingères, repasseuses) et elle provoque des lésions spéciales (…) Un allongement de tout l'organe clitoridien en découle. Parfois le clitoris atteint le double de sa taille normale ». (Suivent des détails de turgescence, de longueur tels que les petites lèvres dépassent les grandes ; leur forme triangulaire s'exagère) « aussi les a-t-on comparées à des feuilles de sauge, à des ailes de chauve-souris. Elles sont ridées, l'hymen se relâche... on y voit une leucorrhée vulvaire, de petites cicatrices blanches en forme de croissant, 3 vestiges d'érosions, d'ulcérations consécutives aux coups d'ongles. » (87).
Les déformations dues au saphisme ne nous sont épargnées non plus. En voici un exemple : une femme mariée de trente ans, soit par crainte de davantage d'enfants, soit parce qu'elle ne veut plus le coït, oblige son mari à pratiquer le saphisme sur elle 2-3 fois en 24 heures. Résultat : de terribles morsures avec un clitoris presque arraché... Le rôle du médecin est double dans ces cas : « Le thérapeute doit être doublé du moraliste »
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