Dans les petites annonces des journaux, les femmes proposent leurs services comme domestiques ; laveuses à domicile ou sur place ; elles proposent des cours et leçons, de langues, de piano... et c'est tout.
Bien que la mère soit entourée de respect, dès qu'elle dépasse ce rôle, elle est tournée en dérision. Die Zeit(93) raconte :
« Les suffragettes en France : L'exemple des Anglais a enthousiasmé les Françaises. Aux cris de « Nous voulons voter ! Le droit de vote aux femmes ! » elles ont appelé à une réunion devant le Palais Bourbon. Mais le froid les a déjouées : une température de moins de deux degrés a suffi pour qu'elles ne s'y retrouvent qu'à trente. La police a prié les représentantes du beau sexe de partir. Elles erraient, désemparées, jusqu'à ce que fît apparition Vaillant à qui elles ont raconté leurs plaintes et leurs malheurs. Le député entra au Palais Bourbon, car il avait également froid, pendant que les femmes l'attendaient dehors. C'est ainsi que cette démonstration quelque peu misérable finit. Les dames devront attendre la belle saison. Le calme semble garanti jusqu'à l'été ».
L. Proal dans son ouvrage Le suicide des enfants, (94) consacre quelques pages aux femmes. S'il est excessif de dire avec A. de Vigny et Michelet que la femme est un enfant malade,
« La femme, enfant malade et douze fois impur » (A. de Vigny), il est néanmoins incontestable que sa constitution physique est plus délicate que celle de l'homme, que par suite son cerveau se fatigue plus vite et se détraque plus facilement. Les femmes qui peuvent, comme les hommes, se livrer à des études, apprendre la science, la psychologie, la médecine, sont une petite minorité. Leur rôle principal est d'élever les enfants : elles peuvent en être fières : un enfant bien élevé vaut bien un livre bien écrit. La femme est, par nature, entêtée et dotée d'un esprit de contradiction.
« Cet esprit de contradiction est très fréquent chez les femmes, surtout les femmes nerveuses, orgueilleuses, susceptibles, prétendant tout savoir sans avoir rien appris ; elles contredisent le mari par amour-propre pour montrer qu'elles n'ont pas besoin de conseils ; le mari leur signale des maladresses, des imprudences, elles refusent de reconnaître leurs erreurs (…) dût la santé des enfants en souffrir (…) elles contrecarrent le père pour échapper au sentiment de leur infériorité « (95)
Il y avait un professeur, M. Marion, à la Sorbonne, qui écrivit : « La femme apprend parfaitement la géométrie, l'algèbre, les mathématiques supérieures » et avait cité le nom de Sonia Kowalewska. (118) Or, notre auteur n'est pas d'accord : « Son talent qui d'ailleurs n'était pas original, lui a coûté cher, elle ne l'a acquis qu'au prix de sa santé. Elle fut atteinte d'une nervosité maladive, fut malheureuse, songeait à se suicider... elle aurait volontiers échangé sa vie contre celle d'une femme moyenne » en outre, elle approuvait Strindberg « qui dit qu'un professeur de mathématiques féminin est une monstruosité inutile et désagréable .» Pendant que Sonia préparait son doctorat « ses robes étaient déchirées et sa chambre mal tenue ». Mais elle ne s'en aperçut même pas ; elle avait horreur des travaux ménagers. Tandis que Mme de Sévigné est un exemple meilleur : elle s'occupait beaucoup de sa fille et non de mathématiques. Le domaine, décidément, que Proal veut préserver des femmes, est celui des sciences exactes, et surtout les mathématiques :
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