LES ENFANTS .
En 1900, les enfants sont élevés par dressage, dont le moyen principal est la punition corporelle. C'est du danger des punitions que traite le livre de L. Proal, L'éducation et le suicide des enfants (134)
Déjà Montaigne cite des suicides d'enfants ; ce phénomène, dit Proal, à la fin du siècle devient de plus en plus fréquent. En France, en 1902, sur 8715 suicides, il y eut 432 suicides de mineurs. Des écoliers quittent leurs billes ou leur toupie pour aller se pendre dans les cabinets. D'autres se procurent un revolver et se logent une balle dans la tête comme des hommes. Des patrons, rentrant, trouvent de jeunes apprentis étendus sans vie sur le sol, la tempe trouée par une balle ou empoisonnés. Les petites filles s'asphyxient ou se défenestrent : elles ont, dix, douze, quatorze ans... riches et pauvres n'y échappent pas ; Proal suppose qu'il y a souvent dans l'âme des enfants, des secrets, des tristesses profondes que les parents eux-mêmes ne soupçonnent pas. Il se propose d'étudier les raisons profondes de ces suicides à l'aide de procès-verbaux de suicides, d'enquêtes faites par la police et la gendarmerie et des lettres laissées par les enfants pour expliquer leur suicide.
Proal corrobore ses dires par des statistiques qui prouvent effectivement, d'une part l'accroissement continu des suicides d'enfants à la fin du siècle indépendamment de l'accroissement de la population, et qui montrent qu'il y a plus de garçons que de filles qui se tuent et qu'on se suicide davantage dans les villes. Mais les statistiques sont très loin de la réalité, parce que beaucoup de parents masquent le suicide en accident tout comme les directeurs d'écoles et de lycée. Enfin, quand les commissariats de police ont connaissance de ces tentatives, ils s'abstiennent souvent d'en dresser le procès-verbal.
Quelles en sont les causes ? Selon Proal, c'est que l'enfant a des passions ; c'est une époque où son affirmation ne va pas de soi .
« Dès
le berceau, sur le bras de leur nourrice, ils deviennent quelquefois
rouges de colère, pâles de fureur, verts de jalousie ( de voir
prendre un autre enfant le sein de leur nourrice, ou pour prêter des
jouets, etc ; en fratrie, les chocs sont plus gros). La jalousie
est, de toutes les passions, la plus précoce et la plus féminine .»
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