Suzanne Horvath

Accueil L'histoire de la honte Les romancières hongroises
Une histoire d’honneurs et de hontes - p.74

Dans la littérature « pédagogique » dépouillée nous n'avons trouvé qu'une seule voix, en la personne de Mlle A. Vaguer, qui dans son Cours de pédagogie (préparation au CAP des instituteurs) (174) s'insurge contre le dressage : « La pédagogie de discipline(...) est la condamnation absolue de toute éducation servile et mécanique, de tous les moyens bas, comme les coups, l'espionnage, la délation érigée en principe, l'excès de menaces et de promesses.(...) Ce n'est pas élever que de faire trembler ou de séduire. Ce ne sont que des moyens de dressage ; on fait bien ainsi des mannequins dociles, des automates, non des hommes ».

A côté du dressage, d'autres facteurs de honte existent pour les enfants : la condition des enfants illégitimes mériterait qu'on lui consacre un livre entier. Il ne faut pas oublier qu'en 1900, environ un quart des enfants naissent dans l'illégitimité, c'est-à-dire comme enfants « naturels » (« bâtards ») nés de parents non mariés ; car les enfants adultérins, qui sont également très nombreux existent rarement sur le plan légal. Les quotidiens parisiens annoncent une fois par semaine ou une fois par mois le nombre de naissances, en en séparant les naissances illégitimes. Voici une statistique municipale portant sur une semaine : sur 987 vivants-nés, 259 illégitimes, dont 41 reconnus. (151 ).

Le Soir écrit :

« L'autre soir, toutes les lumières électriques s'éteignirent en même temps et non par la suite d'un court-circuit (…) mais de par la volonté des autorités locales. On devait en effet baptiser un enfant illégitime entre 7 et 8 heures, et, d'accord avec le clergé, la municipalité avait décidé que les habitants ne pouvaient être témoins de cet événement. » (152) ;


La Gazette des Tribunaux écrit :

« Le ministère de la justice vient d'adresser au procureur général la circulaire suivante : M. le Directeur de l'Assistance publique m'a signalé que des officiers d'état-civil inscrivent au registre sous un vocable unique à forme de prénom les enfants trouvés ou nés de parents inconnus qui leur sont présentés. Une telle préjudice est de nature à causer à ces enfants un grave préjudice, en révélant en toute occasion leur origine illégitime ». (153).


Pour tout remède, le ministère suggère d'attribuer à ces enfants un nom patronymique. Ce nom doit être tel qu'il puisse être porté de telle sorte qu'il ne soit pas pour ses titulaires une cause de différence de déboires, d'ennuis, ni prêter au ridicule...


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